Un tribut nostalgique et singulier
Avec son nouvel album « Early in the Morning' » Samuel Blaser célèbre l’universalité du blues. Éléments fondamentaux du blues et du jazz, la mélodie et le rythme irriguent le disque. Un opus inspiré qui vibre d’une mélancolie habitée par une force vitale peu commune.
Sur « Early in the Mornin' » (OutNote Records/Outhere Music) à paraître le 21 septembre 2018, le tromboniste et compositeur Samuel Blaser explore le blues sans s’éloigner de ce qui anime son jeu, la recherche d’une expression libre et authentique. Il célèbre la mélodie de ces blues issus des work songs, de la country, de la folk anglaise et irlandaise.
L’album
Ce sixième album du tromboniste à la tête de son quartet réunit Russ Lossing (piano, Fender rhodes, wurlitzer, Clavinet, Hammond, minimoog), le contrebassiste Masa Kamaguchi et le batteur Gerry Hemingway. L’album accueille deux invités de marque, deux géants du jazz, le saxophoniste alto Oliver Lake et le trompettiste Wallace Roney qui interviennent chacun sur un morceau et participent ensemble à un troisième titre.
Enregistré par Dave Darlington au Water Music Studios à New Jersey les 14 et 15 Janvier 2017 « Early in the Mornin’ » est réalisé sous la direction artistique de Robert Sadin avec qui Samuel Blaser collabore depuis 2011.
Le répertoire de l’album propose quatre compositions originales du tromboniste et cinq traditionnels dont Samuel Blaser a conçu les arrangements. Lonesome Road Blues de Sam Collins complète la liste des dix titres de « Early in the Mornin' ».
Chaleureux et libre, le jeu fluide du tromboniste muse du côté des dissonances dont il joue avec bonheur et sans excès. Lyrique et virtuose il conserve un son dont la rondeur chaleureuse et large s’accorde avec les claviers tour à tour incisifs ou rétros. La contrebasse contribue à enrichir la riche texture harmonique mais élabore aussi des lignes mélodiques très créatives.
Impressions musicales
On apprécie la belle synergie du trombone avec le saxophone alto sur Early in tne Mornin’, La section rythmique assure un tempo indéfectible. Sur The House Carpenter, la sonorité stratosphérique de la trompette rappelle les atmosphères davisiennes des années 70 alors que piano et trombone jouent post-hard-bop. Les échanges très libres du saxophone alto, de la trompette et du trombone sur Levee Camp Moan Blues font comme un clin d’oeil au monde d’Ornette Coleman.
Sur le rythme impair du lancinant Creepy Crawler le trombone pleure mais il devient prêcheur sur Black Betty. Le déstructuré et peu académique Mal’ Blues met en valeur le lyrisme et l’éclat du trombone tellurique.
On savoure l’ambiance inquiétante de Murderer’s home. Le tempo flottant assuré par la batterie inventive et la contrebasse mélodiste laisse toute liberté aux claviers et au trombone et sa sourdine pour tapisser les murs de la maison d’une étrange mélancolie cuivrée et électrique.
L’album se termine avec Lonesome Road Blues où piano, contrebasse et batterie s’entretiennent sur un rythme apparemment décalé. On se laisse captiver par cette complainte étonnante.
Un clic sur outhere music pour quelques échos de la play-list.
Sur « Early in the Mornin' », Samuel Blaser rend un hommage très personnel au blues. Fluide et libérée, sa musique projette les mélodies dans des climats singuliers. Elle lance un pont entre le blues des origines, un jazz moderne hérité d’Ornette Coleman et la musique classique contemporaine que l’improvisation enrichit de sa sève créative. Teinté de nostalgie cet opus est habité par la liberté.
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