Un bijou de jazz à écouter en boucle
Le groupe Oregon présente « Lantern », son nouvel album. Un jazz raffiné, doux, aérien, évocateur de climats aux couleurs universelles fidèle à son esthétique d’origine. Une musique transculturelle qui génère des univers sereins et aboutis.
Il serait dommage de passer à côté de « Lantern » (CamJazz/Harmonia Mundi) ce nouvel album du groupe Oregon annoncé pour le 30 juin 2017. En effet la musique d’Oregon fait la synthèse entre les harmonies du jazz, les ambiances de la musique européenne et les rythmes issus de nombreuses musiques ethniques de par le monde.
Précurseur dans les années 70 de ce que d’aucuns ont appelé le jazz world, le groupe Oregon a créé un langage singulier et un son qui lui est propre à partir des influences multiples qu’il ne cesse d’explorer. Une fois écoutées, les mélodies imprègnent la mémoire et imposent leur souvenir.
Plus de quarante ans après sa création (1970) le groupe Oregon est toujours présent dans le monde du jazz, même si le personnel a quelque peu évolué depuis ses débuts. Du groupe d’origine demeurent le guitariste, pianiste et compositeur Ralph Towner et le multi-instrumentiste Paul McCandless (hautbois, cor anglais clarinette basse, saxophone soprano, flutes).
Dans l’orchestre actuel la batterie et les percussions sont tenues par Mark Walker qui a rejoint le groupe en 1996 (après le départ de Trilok Gurtu intégré dans Oregon en 1985 à la suite du décès de Colin Walcott). C’est le contrebassiste italien, Paolino Dalla Porta qui a rejoint le trio Towner/McCandless/Walker en 2015 après le départ de Glen Moore. Depuis son arrivée il a participé à trois tournées du groupe Oregon.
L’écriture de Ralph Towner participe pour beaucoup au raffinement des titres interprétés mais l’instrumentation du groupe intervient pour beaucoup dans la texture de la musique. En effet Paul McCandless apporte des sonorités précieuses lorsqu’il quitte le saxophone soprano pour emboucher le hautbois ou le cor anglais. De son côté Ralph Towner apporte des effets différents selon qu’il est à la guitare, au piano ou au synthé. S’il joue de délicatesse sur les cordes de la guitare, il se fait par contre plus énergique et stimule le tempo sur les morceaux plus teintés de jazz dont le fameux The Glide que le groupe joue depuis fort longtemps.
Les interventions de Mark Walker varient selon les climats de la musique. Fin percussionniste formé aux rythmes de Cuba et d’Amérique du Sud, il déstructure la musique et dessine des arabesques percussives flottantes. Par contre il se montre fort énergique à la batterie sur les rythmiques jazz. Paolino Dalla Costa s’allie au batteur et apporte souplesse, fraîcheur et profondeur à la dimension rythmique de l’orchestre sur les climats plutôt world. Les ambiances jazz lui sont tout aussi familières et on se souvient de ses interventions toniques au sein du Devil quartet de Paolo Fresu.
Sur « Lantern », Oregon continue à se renouveler tout en conservant l’idiome qui lui est propre. Un jazz universel qui se promène entre le swing du jazz et les couleurs des musiques ethniques. Avec dix titres originaux, le groupe fait preuve une fois de plus de son aptitude à créer une musique fraîche et enchanteresse.
Sous la supervision du producteur Ermanno Basso l’album « Lantern » a été enregistré et mixé par Johannes Wohlleben du 28 au 30 novembre 2016 aux Studios Bauer de Ludwigsbur en Allemagne et mastérisé par Danilo Rossi.
On est sensible à l’ambiance ludique et légère de Dolomiti Dance qui ouvre l’album et fait des clins d’oeil à la musique classique. On apprécie le côté tendrement latin de Not Forgotten ombré d’une saudade délicate. Le silence habite les improvisations inspirées que Ralph Towner développe à la guitare. On est aussi touché par Figurine, une ballade poignante et minimaliste.
Un battement plus vif habite Walk the Walk, une composition de Mark Walker et The Glide où Ralph Towner s’exprime au piano. Le tempo jazz sied vraiment au groupe qui sait tout autant s’immerger dans la musique plus avant-gardiste du titre Lantern qui donne son nom à l’album. Sur ce thème composé par le groupe, Oregon n’a rien à envier aux orchestres de musique improvisée européenne les plus créatifs.
L’album se termine par The Water Is Wide, un air traditionnel désarmant de banalité que les arrangements de Ralph Towner et l’interprétation des musiciens transforment en un vrai bijou.
Le groupe Oregon prévoit une tournée d’été qui le conduit en Allemagne, au Danemark, en Russie, en Italie, en Angleterre et en Pologne. A croire que les programmateurs français ne sont pas sensibles à sa musique. Dommage ! Il n’en reste pas moins qu’on conseille avec chaleur l’écoute de cet album « Lantern » à sortir le 30 juin 2017 sous le label Italien Cam Jazz. A ne rater sous aucun prétexte.
« Lantern ». Le groupe Oregon développe une écoute extrême et une interactivité de tout instant qui s’allient au talent des quatre musiciens. Ainsi, dans sa structure actuelle la formation Oregon développe le même esprit qu’à ses origines. Le groupe navigue avec bonheur dans des ambiances variées qui dessinent les contours d’une musique universelle dont les mélodies captivent.
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