Deux albums ECM, « Rising Grace », « A multitude of Angels »
Afin de continuer à explorer l’identité ECM, ce « Label ECM-Focus2 » présente deux albums ECM parus en octobre et novembre 2016. Grâce aérienne pour l’un. Libre énergie pour l’autre.
Premier album de ce « Label ECM-Focus2 », l’opus « Rising Grace » enregistré en quintet par le guitariste autrichien Wolfgang Muthspiel. Il a fait ses débuts chez ECM en 2013 sur « Travel Guide », dans un trio qui réunissait Ralph Towner et Slava Grigoryan. Il a ensuite gravé son premier CD en leader en 2014 avec l’album « Driftwood » où le contrebassiste Larry Grenadier et le batteur Brian Blade se tenaient à ses côtés. Le guitariste avait déjà travaillé avec le contrebassiste dans l’orchestre de Gary Burton, dans les années 90. Durant ces mêmes années il avait aussi joué en trio avec Brian Blade et le contrebassiste Marc Johnson.
Pour son deuxième album en leader chez ECM, Wolfgang Muthspiel choisit de s’exprimer au sein d’un quintet. Il conserve la même section rythmique et joue alternativement de la guitare électrique et d’une guitare classique acoustique. Il est soutenu par le jeu intense de Larry Grenadier et les vibrations subtiles et flottantes de Brian Blade. C’est avec deux solistes de premier plan que le guitariste étoffe son équipe. Le trompettiste Ambrose Akinmusire et le pianiste Brad Mehldau. Le jeu maîtrisé du pianiste diffuse une luminosité qui valorise la sonorité délicate du trompettiste et ses envolées lyriques. La sonorité ronde de la guitare électrique contraste avec celle la guitare acoustique plus sculpturale.
Les solistes conversent et la musique se déroule avec une fluidité sans pourtant manquer de passion. Les ambiances varient avec bonheur, les dynamiques alternent. Le climat élégant de Triad song contraste avec les ambiances davisiennes de Boogaloo. L’hommage à Kenny Wheeler, Den Wheeler, Den Kenny se joue du tempo alternativement étiré puis contracté. Ce titre fait référence à « Gnu High », le premier album que Kenny Wheeler a gravé chez ECM dans les années 70 avec Keith Jarrett, Dave Holland et Jack DeJohnette. A l’écoute de Father and Sun on peut deviner combien la naissance de sa fille a pu illuminer l’écriture du guitariste qui signe neuf des dix titres de l’album. On a aussi aimé, la souplesse de Wolfgang »s Waltz que Brad Mehldau a dédié au guitariste.
Encore une fois ECM et Manfred Eicher soutiennent l’émergence d’un talent en permettant à Wolfgang Muthspiel de réaliser un nouveau projet. L’enregistrement du quintet s’est déroulé dans les studios « La Buissonne » en seulement trois jours et témoigne encore une fois de l’esthétique musicale élégante propre à ECM.
« Rising Grace », un album enchanteur aux couleurs sonores sensibles. Les compositions de Wolfgang Muthspiel sont servies par la dynamique aérienne de la section rythmique. La fluidité des échanges des solistes concourt à magnifier les mélodies. Ambiances éthérées et sonorités romantiques tissent une trame musicale impressionniste pleine de grâce.
« A Multitude of Angels » est un coffret de quatre disques regroupant les enregistrements de quatre concerts solo donnés en Italie en octobre 1996, à Modène, Ferrare, Turin et Gênes par un des artistes phares du label ECM, le pianiste Keith Jarrett.
Ces disques s’inscrivent dans la chronologie des nombreux enregistrements live de Keith Jarrett en solo, juste après l’album La Scala paru en 1995. « A Multitude of Angels » marque en ce sens la fin de la première période des grands concerts solo du pianiste, documentée par ECM dans les coffrets Bremen-Lausanne et Sun Bear Concerts. Durant cette période la musique spontanée de Keith Jarrett donnait l’impression d’une totale liberté.
Dans ces concerts de 1996 le pianiste jouait encore des sets « sans pause ». Après ces concerts, il fallut attendre ensuite deux ans pour que Keith Jarrett enregistre chez lui l’album solo « The Melody At Night With You », sorte de méditation poétique autour de la mélodie. Revenu sur les scènes en 1998 avec son « Standards » trio (avec Gary Peacock et Jack DeJohnette), le pianiste a réintroduit dans ses tournées des concerts en solo dont témoigne l’album « Radiance » (2002) où chaque set se composait de « pièces » improvisées.
Écouter ces anciens concerts solo de Keith Jarrett démontre encore une fois que le pianiste était lui-même sans être toujours le même, se renouvelait sans se répéter. On se laisse encore surprendre par les fulgurances de cet improvisateur solitaire qui a si bien su varier ses approches pendant les 25 ans où il a pratiqué le dur exercice du concert solo. Si l’on entend avec certitude la proximité que Keith Jarrett a entretenue avec la musique classique, on perçoit aussi l’influence du free-jazz et surtout on discerne la totale liberté que le pianiste s’accordait lors de ces concerts solo du début de sa carrière. « De la pure musique improvisée ».
A partir des enregistrements immortalisés par Keith Jarrett lui-même sur un DAT, ECM permet avec ce coffret de redécouvrir la musique d’un artiste phare du catalogue de ce si prestigieux label.
« A Multitude of Angels », des concerts marqués du sceau de la spontanéité et de la liberté. Jarrett communie avec lui-même. De la pure énergie.
On explore prochainement d’autres enregistrements du Label ECM dans un futur billet « Label ECM-Focus3 ».
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