Paysages sonores entre tradition et modernité
Pour la quatrième soirée de sa 48ème édition, le festival « Jazz campus en Clunisois » propose un jazz contrasté et coloré. Le tromboniste Lou Lecaudey se produit en quintet au Théâtre les Arts de Cluny avec son projet Szólenn dont les paysages sonores se profilent entre tradition et modernité.
Le tromboniste Lou Lecaudey se présente sur la scène du Théâtre les Arts de Cluny, le 19 août 2025 à 21h, entouré du guitariste Joseph Bijon, du pianiste Romain Nassini, du contrebassiste Vincent Girard et du batteur Clément Drigon. Entre le leader et les musiciens issus du Collectif du Crescent de Mâcon s’instaure une conversation collective singulière qui dessine un jazz coloré de rock, de pop et de folk. Les couleurs contrastées de la musique de Szólenn surprennent autant qu’elles séduisent.
En tournée depuis 2025, le quintet audacieux et créatif interprète les compositions originales du leader, inspiré par différents de sa vie. Nerveuse ou tendre, la singulière musique de Szólenn fait la part belle à l’expression collective.
Après une introduction au trombone bouché, le groupe se joint au leader pour La la, inspiré d’un choral scandinave. Effets électriques sur les cordes de la guitare lap steel, cordes pincées de la contrebasse et notes répétées au piano installent une atmosphère de rêverie. Le quintet enchaîne avec L’enfant imaginaire. Après un riff de guitare, le trombone expose le thème suivi par l’ensemble des musiciens. Stimulé par la guitare, Lou Lecaudey entame un chorus puis la musique se densifie avec l’entrée du piano et de la batterie. La batterie de Clément Drigon soutient le chorus véhément et dense du trombone puis le quintet revient au thème et au calme.
Le répertoire se poursuit avec Revermont, clin d’œil à la montagne d’où vient le leader. Piano, contrebasse et guitare exposent le thème et après un chorus assez délicat du trombone, s’installe un climat onirique auquel contribue les friselis du batteur sur les cymbales. Contrebasse omniprésente, effets électriques de la guitare, l’énergie monte, le trombone se fait véhément avant un court chorus de batterie aux baguettes.
Influencé par une saison estivale sans soleil, Lou Lecaudey a composé Le plus bel été. Le contraste est vif entre les sonorités graves et ample du trombone et la douceur des triolets sur le clavier. Suite un chorus à l’archet de Vincent Girard, le tromboniste reprend le thème et fait monter l’énergie. Stimulé par une batterie furieuse, un piano véhément et les effets de guitare, le trombone enragé propulse ses notes puissantes et bondissantes dans l’azur. La musique explose puis le répit revient avant la conclusion du morceau au piano.
- Lou Lecaudey
- Lou Lecaudey
- Lou Lecaudey
En hommage à son grand-père récemment disparu, Lou Lecaudey a créé Les pantoufles, en référence au tempérament casanier de son aïeul. Alors que de son archet Vincent Girard frappe les cordes de son instrument sur un rythme rapide, le tromboniste pose la sourdine dans le pavillon de son instrument, expose la mélodie puis Joseph Bijon prend une improvisation aux accents folk. Le groupe revient au thème, la batterie propulse le chorus ascensionnel et puissant du trombone. Le rythme ralentit et le calme se fait.
- Vincent Girard
- Clément Drigon
- Joseph Bijon
Le survol de Neptune a été inspiré au leader par ses souvenirs du voyage de la sonde Voyager 2 en 1989 aux confins du système solaire. Suite à une entrée musicale du groupe entier, la guitare suggère un début de tempête. De ses propos se dégagent des impressions cosmiques. Sur une rythmique de ballade,Romain Nassini installe un climat stratosphérique avant que ses arpèges esquissés à traits rapides et un roulement de batterie tonique aux baguettes n’ouvrent l’espace au trombone. Il nous échappe pourquoi le leader se positionne dos tourné au public, face à ses compagnons pour les diriger un instant. Le public est mis en orbite par les cymbales de la batterie frappées par les mailloches et la guitare qui étire le rythme. Romain Nassini enchaîne avec une improvisation limpide et son Rhodes installe un climat vaporeux. Stimulée par les rythmiciens, la musique s’intensifie au fil des accords, la batterie instaure un tempo rock et le trombone « royal » intervient sur la pulsation binaire. Le public réagit en écho et applaudit avec ferveur avant un retour au thème… le calme après la tempête… !
Après avoir remercié le public et l’équipe de Jazz Campus en Clunisois, Lou Lecaudey annonce Méhari cowboy. Piano, lap steel guitare et contrebasse installent un climat électrique alors que les frappes de Clément Drigon suggèrent un rythme de galop. La guitare grince, pleure puis après un break, le trombone effervescent éructe dans le paysage sonore. Le galop continue, l’intensité sonore augmente encore avant que le trombone bouché n’émaille son propos de silences et se fasse caressant. Faute d’essence, la méhari s’arrête… sous une ovation nourrie du public bon enfant.
Avec Gillou se termine le programme de Szólenn. Il s’agit d’une composition écrite par le tromboniste en hommage à son professeur de trombone récemment disparu. Une sorte de requiem qui oscille entre exaltation et tristesse. Batterie explosive, dialogue tonique guitare/Rhodes, cadence rock à fond, la fin du monde approcherait-elle ? L’univers sonore se calme, le trombone chante et étire les notes… fin de soirée.
Visiblement l’auditoire a apprécié la construction traditionnelle des morceaux qui font alterner de manière réitérative, périodes de montées en tension et moments retour au calme. Un peu plus de nuance structurelle dans l’élaboration des titres aurait pu surprendre davantage.

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