Hubert Dupont sculpte un ailleurs singulier
Le contrebassiste et compositeur Hubert Dupont se plait à sillonner la musique au gré de ses envies et de ses rencontres. Avec son nouvel opus « Golan-Al Joulan Vol 1 » sorti le 11 octobre, le musicien ouvre une fenêtre sur un autre Orient que la musique aurait pacifié.
En 2013, le duo « Sabil » constitué ses musiciens palestiniens Ahmad Al Khatib (oud) et Youssef Hbeisch (percussions) invite Hubert Dupont pour un grand concert à l’Institut du Monde Arabe. C’est la naissance du Trio Sabil qui part en Palestine pour une tournée suivie en 2014 par des concerts en France et en Finlande. Intéressé par les métriques atypiques, la force expressive des maqâms et des modes en général, et toujours avec le goût de l’improvisation chevillé aux cordes de sa contrebasse, Hubert Dupont envisage par la suite de créer un nouveau programme orchestral qui doit alors s’appeler « Golan ».
Dans cette direction, il réunit de nouveau Ahmad Al Khatib et Youssef Hbeisch ainsi que trois autres instrumentistes, la flutiste Naïssam Jalal, le clarinettiste Matthieu Donarier et le violoniste Zied Zouari. Dans la nouvelle fraternité musicale du sextet ainsi constituée, le monde du jazz moderne et celui du monde arabe dialoguent. Les interactions entre les musiciens esquissent un langage orchestral singulier et dessinent les lignes d’un nouveau monde où improvisation et tradition orientale font alliance.
Une tournée dans les territoires palestiniens est envisagée, jusqu’au Plateau du Golan mais si le plateau est bien nommé Golan en anglais et en hébreu, les gens qui y vivent l’appellent Al Joulan. C’est ainsi que l’album s’intitule « Golan-Al Joulan Vol 1 ».
« Golan-Al Joulan Vol 1 » (Ultrack/Musea), un album qui sculpte une bulle protectrice dans laquelle on se plaît à rêver d’un monde où l’homme fait le choix de la musique pour communiquer. Les orchestrations irriguées de rythmes rayonnants et de lignes mélodiques lumineuses dessinent un univers oriental où les instruments croisent leurs couleurs avec bonheur.
Sur Turquoise on perçoit la présence centrale du contrebassiste. Avec les percussions, la contrebasse élabore un tissu au-dessus duquel s’élèvent les volutes aiguës du violon et de la flûte.
On est également touché par le mariage harmonieux entre la sonorité de la clarinette de Mathieu Donarier et les rythmes et tonalités orientales. On aime à s’immerger dans cet océan sonore et organique d’où surgit le souffle poignant de la flûte de Naïssam Jalal. Le violon de Zied Zouari s’élève avec compassion au-dessus de la mêlée. Comme deux fleuves, l’oud de Ahmad Al Khatib et la contrebasse d’Hubert Dupont se défient ou se croisent mais leur lignes se mêlent et finissent par se fondre dans une zone de confluence. La dimension rythmique primordiale est assurée à chaque instant par le percussionniste Youssef Hbeisch.
Haifa la nuit se construit au fil du temps. Deux plages à écouter en continu. Contrebasse et percussions sont rejointes par l’oud puis par le violon. Le souffle aigu de la flûte fait planer l’inconnu et l’épaisseur de l’ombre. Soutenue ensuite par la percussion au rythme entêtant, la clarinette explore tous ses registres et appelle à fêter la clarté de l’aube qui s’annonce. Tous les protagonistes unissent leurs chants pour cette ode à la nuit sur Haifa.
On est tenté de voir dans cette musique d’une rare modernité, un acte aux contours politiques qui dirait l’espoir d’un possible. Bien sûr on n’ignore pas que la musique ne peut à elle seule engendrer paix et compréhension entre les peuples et les cultures mais ne peut-elle pas ouvrir à un monde où l’écoute et le dialogue coexistent ? Avec « Golan-Al Joulan Vol 1 », on rêve d’un univers qui accepte les changements et les perspectives nouvelles.
Après une tournée en Palestine en mars 2016 qui a mené les musiciens de Ramallah à Nazareth en passant par le Plateau du Golan, Nablus et Jérusalem, le « sextet Golan » se produira le 25 janvier 2017 à Paris au New Morning, Une occasion à ne pas rater pour écouter cette musique bâtie à la confluence des cultures… et on garde aussi l’espoir que 2017 verra la sortie d’un « Golan-Al Joulan Vol.2 » !
Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988
Le label Storyville Records prévoit la sortie d’un double-album inédit de Michel Petrucciani, « Michel Petrucciani Trio au Jazz Club Montmartre CPH 1988 ». Annoncé pour le 15 novembre 2024, cet opus inédit permet d’écouter le pianiste entouré de Gary Peacock et de Roy Haynes. Du jazz intemporel qui allie lyrisme, sensibilité et virtuosité.
« Django! »… Baptiste Herbin en trio sans guitare
C’est un véritable défi que réussit le saxophoniste Baptiste Herbin avec « Django! » sur lequel il revisite l’univers de Django Reinhardt, en trio trio saxophone, contrebasse, batterie. Sans guitare, l’album restitue l’essence de la musique du fameux guitariste manouche. Échanges énergiques, fulgurances virtuoses, valses enivrantes, exubérances et silences, tout concourt à faire de cet album absolue une réussite qui allie innovation et tradition.
PianoForte… 40 doigts, 88 touches, 11 titres
Composé de Pierre de Bethmann, Éric Legnini, Baptiste Trotignon et Bojan Z, le groupe « PianoForte » propose son premier album. Au piano et sur les claviers électriques, les quarante doigts des pianistes interprètent onze titres composés par de grands noms du jazz et arrangés avec grand talent par les interprètes. Paru le 11 octobre 2024 chez Artwork/PIAS, l’opus met en évidence la complicité qui réunit ces quatre virtuoses du clavier. Du jazz vibrant et joyeux, fluide et énergique.