Entre silence et grâce, la vie continue
Riche de cinquante années d’existence, le label ECM continue sa saga et annonce pour le 14 février 2020 la sortie de « Life Goes On », le nouvel album de Carla Bley en trio. A ses côtés, le bassiste Steve Swallow et le saxophoniste Andy Sheppard. Comme le titre l’indique, l’opus se fait l’écho de la « renaissance » de la pianiste et compositrice. Entre ombre et lumière, entre silence et grâce, l’album restitue la musique de la vie, une fantaisie minimaliste pleine d’humour et de légèreté.
Quatre ans après « Andando el Tiempo » (ECM/Universal), la pianiste Carla Bley revient en trio avec « Life Goes On » (ECM/Universal) dont la sortie est attendue le 14 février 2020. A ses côtés se tiennent ses compagnons fidèles depuis 25 ans, Steve Swallow (basse) et Andy Sheppard (saxophones).
Réalisé au Studio Auditorio Stelio Molo à Lugano en mai 2019, sous la direction artistique de Manfred Eicher, l’album propose trois titres déclinés en plusieurs parties, trois suites dont la première, Life Goes On, donne son titre à l’album. Composée par la pianiste après sa « renaissance », cette pièce authentifie par sa musique d’abord mélancolique puis joyeuse, que la vie continue avec sa part de mystère, de dérision et de grâce.
Life Goes On
Débuté sur les octaves inférieures du clavier du piano, Life Goes On, le premier mouvement de la suite, déroule un blues parodique en douze mesures dont on aimerait que sa simplicité (apparente) inspire la vie. La ligne mélodique repose sur la basse éloquente et sur le phrasé velouté du ténor dont le chorus porteur d’espérance est illuminé de grâce. Chaque note du saxophone advient comme une offrande. Son vibrato quasi imperceptible porte en lui la force ontologique de la vie. Le piano minimaliste émarge dans l’univers de Satie.
Avec une fluidité sensible et dépouillée, les deux mouvements suivants questionnent la coexistence entre ombre et lumière. Par le dépouillement et la sobriété du jeu pianistique, On évoque la facette monkienne de l’univers de Carla. L’élégance des lignes de basse et l’interrogation du ténor accentuent la dimension dramaturgique de l’atmosphère musicale. L’évolution se dessine ensuite subrepticement sur And On. Entre piano et le ténor se noue un dialogue allègre. Le saxophone flirte avec l’art de la fugue et le piano lui répond par des accords impressionnistes alors que, telle la force vitale qu’elle incarne, la basse demeure imperturbable.
Le quatrième et dernier mouvement de la suite, And Then One Day, débute par un motif répétitif du piano et du soprano. La basse invite ensuite très vite la musique dans une déambulation imaginaire. Inspiré, le soprano entame un chorus lunaire qui entraîne le trio dans un voyage vers les étoiles. Après la lascivité du tango, on passe à un rythme à quatre temps plus dansant. Ponctuée par ce joyeux éclairage, la vie continue certes, mais les instruments laissent en suspens les interrogations… et puis un jour ?
Beautiful Telephones
Le titre de la deuxième pièce s’inspire des premières impressions du président Trump, lorsqu’il a pénétré pour la première fois dans le bureau ovale de la Maison Blanche. Ce sont d’abord les « beaux téléphones » qu’il a remarqué ! La composition de la pianiste joue sur le registre des émotions et de l’humour.
Sur le premier mouvement, le piano instaure un décor entre ombre et ténèbres que le solo de basse tente d’éclairer d’une étincelle d’espérance. La suite continue avec une deuxième mouvement plus aérien. Le ténor entame alors un dialogue dense et maîtrisé avec le piano ensorceleur. Y-a-t-il quelqu’un aux commandes ?
Ironique et moqueur, le troisième mouvement met en évidence le jeu si peu orthodoxe de la pianiste. Dans son discours truffé de citations se disputent humour et langueurs italiennes. Le ténor y va de son grain de sel avec les échos d’un God Save The Queen moqueur.
Copycat
La dernière pièce donne alternativement la parole aux musiciens, l’un répond à l’autre, poursuit sa pensée et l’explore plus avant à sa manière. After You ouvre par une mélodie langoureuse et gorgée de mélancolie que souffle le ténor voluptueux. Il passe la parole, à la basse qui poursuit sa réflexion et tisse à sa manière une incitation au rêve. Au final, soutenus par le piano, les deux instruments se rejoignent. C’est sans compter sur le piano ironique qui pose sur son clavier un motif musical, court, ironique et surréaliste, Follow The leader.
Le trio se retrouve sur Copycat, le troisième mouvement. Le soprano voltige au-dessus des accords espiègles du piano. Les trois conteurs nouent une conversation fusionnelle et ludique, empreinte de gaîté et de légèreté. La basse tend un fil souple sur lequel rebondit avec souplesse le saxophone troubadour. Maître du tempo, le piano arbitre les dialogues et cet amusement superbe et fluide se termine par un triolet qui réunit les trois complices.
Minimaliste et légère, riche en émotions et en contrastes, ludique et un brin sophistiquée, la musique de Carla Bley et de son trio interroge le silence et stimule l’imagination. Pourvoyeuse de grâce et de sérénité, elle réconforte et engage à la contemplation. Poétique et sobre, « Life Goes On » recèle en son cœur l’essence même de l’art singulier du trio de Carla Bley. Entre silence et grâce, la vie continue.
Médéric Collignon présente « Arsis Thesis »
Le cornettiste, chanteur et franc tireur du jazz, Médéric Collignon, propose avec « Arsis Thesis », un album hors-format. Il invite à voyager dans sa galaxie musicale singulière. Écriture complexe, richesse des arrangements, énergie et inventivité de chaque instant… tout concourt à faire de cet opus une pépite musicale aux allures de symphonie-jazz. L’oreille décolle et en redemande !
Premiers Noms & Visuel de Jazz à Vienne 2025
Le 26 novembre 2024, les organisateurs du Festival « Jazz à Vienne » ont dévoilé le visuel de l’édition 2025 proposée par le dessinateur Jeremy Perrodeau. En attendant le 13 mars 2025, date d’annonce officielle de la programmation de la 44ème édition de « Jazz à Vienne », les concerts de six soirées sont déjà annoncés. Six rendez-vous à ne pas manquer ! Cet avant-goût réjouissant laisse augurer de sérieuses promesses de réjouissances musicales !
Du groove à gogo avec Dmitry Baevsky et « Roller Coaster »
Pour son onzième album, « Roller Coaster », le saxophoniste Dmitry Baevsky revient avec à ses côtés, le guitariste Peter Bernstein. Une fois de plus, le talent de l’altiste éclate avec insolence. A la fois lyrique et sensible, mélodique et virtuose, son jazz impressionne et séduit. Que du bonheur !