Coup de cœur pour François Ripoche & « Happy Mood! »

Coup de cœur pour François Ripoche & « Happy Mood! »

Jazz pêchu & Bonne Humeur à revendre

Il était une fois… un saxophoniste nantais, François Ripoche qui réunit autour de lui six pointures du jazz d’aujourd’hui pour célébrer l’énergie et l’improvisation collective, Steve Potts, Glenn Ferris, Louis Sclavis, Geoffroy Tamisier, Darryl Hall et Simon Goubert. La fin de l’histoire…  se nomme « Happy Mood! », un album réjouissant et généreux, joyeux et plein d’allant qui retrouve l’esprit populaire du jazz des origines. Du jazz pêchu qui met de bonne humeur !

C’est un all-stars de musiciens parmi les plus inventifs et exigeants des improvisateurs jazz d’aujourd’hui que le saxophoniste et compositeur nantais François Ripoche a convié autour de lui pour enregistrer l’album « Happy Mood! » (Black & Blue/Socadisc) à sortir le 31 janvier 2020.

Couvertue de l'album Happy Mood! de François RipocheLe projet réunit du beau monde, Américains et Français, jeunes et moins jeunes. Tous se connaissent, certains ont joué ensemble mais jamais tous les sept n’ont été réunis, François Ripoche (saxophone ténor), Steve Potts (saxophones soprano et alto), Glenn Ferris (trombone), Louis Sclavis (clarinettes), Geoffroy Tamisier (trompette), Darryl Hall (contrebasse) et Simon Goubert (batterie). Au final une grande cohésion les réunit et l’album témoigne de l’entente hors pair de ce groupe.

Autour de ses compositions et de deux reprises, François Ripoche et six personnalités du jazz actuel célèbrent l’improvisation collective. « Happy Mood! » résonne comme un hymne joyeux évocateur des fanfares originelles. Une musique tonique et généreuse qui donne du ressort et engendre la bonne humeur !

François Ripoche

A l’initiative du projet « Happy Mood! », le Nantais François Ripoche se définit lui-même comme « Saxophoniste, bricoleur (claviers, batterie, électronique) et jazzman ». Musicien improvisateur dans l’âme, il est engagé dans de nombreuses aventures musicales et artistiques parmi lesquelles « Francis et ses Peintre »s, « Francis et ses Peintres + Katerine », « La Tête et les Jambes » avec Hélena Noguerra et des ciné-concerts.

Le saxophoniste François Ripoche, album Happy Mood!

François Ripoche©Richard Dumas

Avant de découvrir le jazz, de suivre ensuite un cursus au conservatoire de Nantes puis des stages auprès de Jo Lovano, Dave Liebman ou Lee Konitz, et de collaborer avec Steve Potts, Sarah Lazarus, John Betsch, Jean-Jacques Avenel, Georges Arvanitas, Alain Jean-Marie ou Simon Goubert, François Ripoche a débuté l’apprentissage du saxophone dans l’harmonie municipale de sa commune.

Avec en mémoire le son des fanfares déambulant dans les rues et les clubs de la Nouvelle-Orléans, il se souvient que le jazz a été une musique de fête. Sur ces bases, il conçoit sept compositions originales auquel il associe deux reprises, Auprès de mon arbre de Georges Brassens et Music Matador d’Eric Dolphy élément fondateur de son projet. Il décide ensuite de donner une grande part à l’improvisation polyphonique propre au jazz des origines, cette forme de jazz où l’ensemble du groupe improvise en même temps autour du thème exposé par un soliste. Pour ce faire, il envisage de convoquer une « fanfare » de vents avec cuivres (trompette et trombone) et bois (clarinette et saxophones) que soutient une section rythmique (contrebasse et batterie).

Il lui reste alors à inviter les musiciens profilés pour le projet, d’excellents improvisateurs rompus à l’invention collective.

Le septet Happy Mood

Pour François Ripoche l’équation est simple, s’adresser à de fins improvisateurs qui soient désireux de jouer ensemble. Il en réfère aux musiciens avec lesquels il a échangé depuis 25 ans ou à d’autres avec qui il a plus récemment partagé des moments musicaux… autour de lui il réunit donc du beau monde, un casting prestigieux qui regroupe :

  • Steve Potts (saxophones soprano et alto), compagnon de Charles Lloyd, Eric Dolphy, Roy Ayers, Richard Davis, Joe Henderson, Dexter Gordon, Johnny Griffin, Ben Webster, Hal Singer ou encore l’Art Ensemble of Chicago et surtout du batteur Chico Hamilton et de Steve Lacy pendant 26 ans.
  • Glenn Ferris (trombone), a croisé Stevie Wonder, Philly Joe Jones, Billy Cobham, Tony Scott, Michel Petrucciani, Jack Walrath, Martial Solal, Chris Mc Gregor, Archie Shepp et bien d’autres.
  • Louis Sclavis (clarinettes), figure majeure de la musique improvisée européenne dont la liste des rencontres musicales est longue de Michel Portal à Marc Ducret en passant par Henri Texier, Aldo Romano, Didier Levallet, Dominique Pifarély, François Merville sans omettre Evan Parker, Antony Braxton, Cecil Taylor et tant d’autres encore
  • Simon Goubert (batterie), premier batteur à recevoir le Prix Django Reinhardt de l’Académie du Jazz, maitre ès baguettes toujours en recherche d’expériences, de Christian Vander à Abbaye Cissoko avec des aventures partagées auprès de Dave Liebman, Bernard Lubat, Martial Solal, René Urtreger, Ricardo Del Fra, Steve Grossman, Sonny Fortune, Alain Jean-Marie, Christian Escoudé, Jacky Terrasson, Eric Watson, Lee Konitz,.
  • Darryl Hall (contrebasse), auréolé du prestigieux Prix Theloulious Monk, apprécié pour son groove et son swing par Hank Jones, Tom Harrel, Howard Johnson, Robert Glasper, Christian McBride, Geri Allen, Dianne Reeves, Stefon Harris, Benny Golson ou encore Laurent de Wilde et Christian Escoudé
  • Goeffroy Tamisier (trompette), tricoteur de sons recherché pour sa musicalité, créateur de l’ensemble OLH Acoustic, présent aux côtés du groupe indian jazz music MUKTA, membre de l’ONJ de Claude Barthélémy, auteur de compositions pour pour Kenny Weelher.

Certes « Happy Mood! » regroupe sept figures du jazz contemporain connues pour leur exigence et leur inventivité et dont la réputation d’improvisateur n’est pas usurpée mais de fait, le septet sonne vraiment comme un groupe. Entre contrebasse et batterie, la « mini fanfare » invente une musique puissante et décoiffante, explosive et généreuse.

Au fil du répertoire

A la croisée des styles et des genres, François Ripoche écrit sept compositions originales aux titres évocateurs et peu anodins.auxquels s’ajoutent deux reprises.

Brassens et Dolphy

C’est avec délicatesse que le leader a réarrangé Auprès de mon arbre écrit en 1965 par Georges Brassens. Sur un tempo de ballade, ténor, trombone, clarinette basse et trompette soufflent leurs phrases nostalgiques évocatrices du regret. L’album se termine avec Music Matador d’Eric Dolphy que le combo revitalise. Trompette et trombone se câlinent, ténor et alto se courtisent.

Compositions originales

D’emblée propulsé dans la cour de récré de la Moyenne section, on rejoint les enfants qui égrènent leurs mélodies. Air festif de l’alto qui dialogue avec la batterie puis chant plus rugueux du trombone organique. On se prend à danser avant que ne sonne la fin de la récré. Ce sont ensuite des musiciens enthousiastes qui dessinent la Funky Town de François Ripoche. Sur une ligne de basse funky, la mélodie joyeuse se déploie dans la ville. La clarinette limpide et boisée dit le plaisir de se promener les mains dans les poches alors que la batterie pirouette dans les rues.

Le décor change plus tard quand d’un magma sonore chaotique émerge une histoire mingusienne et furieuse en diable où soprano et clarinette basse n’en finissent pas de courir alors que le collectif en osmose accompagne Le mièvre et la tordue.

Engagé via le collectif Philomélos pour soutenir de jeunes migrants isolés réfugiés à Nantes, François Ripoche inclut dans le répertoire le titre Lampedusa où les souffles des instruments errent comme les âmes de naufragés échoués. Climat ellingtonnien, trombone aux inflexions bluesy, alto mélancolique. On ne ressent guère d’espoir au sein de ce cauchemar.

Stone renvoie ensuite à Milestones de Miles Davis dont on perçoit des échos. Les instruments courent sans fin et font valser leurs improvisations successives, trombone effervescent, alto fiévreux, clarinette en ébulition et trompette exaltée. On en ressort essouflé pour succomber à Ivresse Urbaine et ses arrangements cafardeux. Le collectif met en valeur le chorus enivrant de la contrebasse, le solo grisant de la trompette et ses fulgurances, les élucubrations et les grognements de la clarinette basse qui évoque la phraséologie d’Eric Dolphy. On a la tête qui tourne et le pas peu sûr.

Plus loin, les musiciens épinglent « les puissants » dont les discours politiques affichent des Convictions à géométrie variable. Le climat musical évoque celui d’une foire d’empoigne où se succèdent les envolées tourbillonnantes de l’alto, de la clarinette, du ténor et du trombone. Leurs échos volubiles rappellent l’ambiance des fêtes néo-orléanaises et même si le débat tourne à la cacophonie joyeuse. Après ce titre on demeure conforté dans l’idée qu’il vaut mieux fréquenter les salles de concert que les meetings politiques pour être sûr de demeurer de bonne humeur !

Porté par un septet prestigieux, le vitaminé « Happy Mood! » célèbre l’improvisation. Il tire son inspiration de jazz des origines dont il retrouve l’esprit et offre une musique généreuse dont les accents dynamiques insufflent la joie de vivre. De ses neuf plages coulent des flots de bonne humeur à écouter sans modération et à partager largement en attendant d’écouter le septet en concert.

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