Charles Tolliver est de retour avec « Connect »

Charles Tolliver est de retour avec « Connect »

Du hard bop énergique et ciselé

Le trompettiste Charles Tolliver est de retour avec « Connect » sur le label londonien indépendant Gearbox Records. Après un long silence discographique, le leader signe un album studio enregistré avec les très expérimentés new-yorkais Jesse Davis, Keith Brown, Buster Williams et Lenny White et la participation du britannique Binker Golding. Un opus énergique et ciselé. Quatre titres qui fleurent bon le hard-bop.

Après une carrière commencée dans les années 60 chez Blue Note au cours de laquelle il a côtoyé de nombreuses célébrités du jazz, le trompettiste, compositeur et arrangeur Charles Tolliver, aujourd’hui âgé de 78 ans, revient avec « Connect », son premier album studio depuis treize ans.couverture de l'album Connect de Charles Tolliver

Comme le titre de l’opus le laisse entendre, Charles Tolliver opère sur « Connect » un superbe lien entre le jazz new-yorkais et le jazz britannique. En effet, si le Charles Tolliver All Stars réunit autour du trompettiste les musiciens new-yorkais Jesse Davis au saxophone alto, Keith Brown au piano, Buster Williams à la contrebasse et Lenny White à la batterie, l’album met aussi en vedette le saxophoniste britannique Binker Golding sur deux morceaux.

La sortie de l’opus sortie est prévue le 31 juillet 2020 sur le label londonien indépendant Gearbox Records.

Charles Tolliver

Né en 1942 à Jacksonville en Floride, Charles Tolliver peut se prévaloir de porter plusieurs casquettes avec talent, trompettiste, chef d’orchestre, compositeur, arrangeur, créateur de label et éducateur.

Après avoir étudié à l’Université Howard, il déménage à New York en 1964. Au fil des ans, il développe un jeu de trompette très personnel, imprégné d’un fort sens de la tradition en côtoyant nombre de jazzmen de renom tels que Roy Haynes, Hank Mobley, Willie Bobo, Horace Silver, McCoy Tyner, Sonny Rollins, Booker Ervin, Gary Bartz, Herbie Hancock, The Gerald Wilson Orchestra, Oliver Nelson, Andrew Hill, Louis Hayes, Roy Ayers, Art Blakey & the Jazz Messengers, et Max Roach.

Il a commencé sa carrière professionnelle avec Jackie Mclean avec lequel il a enregistré l’album « It’s Time » (Blue Note). Le saxophoniste alto le convie aussi à participer à l’opus “Action” enregistré sous le même label.

Leader

Le tout premier enregistrement de Charles Tolliver sous son propre nom est « Paper Man » (Black Lion) enregistré en 1968 avec Herbie Hancock au piano, Gary Bartz au saxophone, Ron Carter à la contrebasse et Joe Chambers à la batterie. Le trompettiste a ensuite participé à nombre d’albums de hard bop au mitan des années 60. Il a aussi joué avec Gerald Wilson’s Orchestra à Los Angeles (1966-1967) et a été un membre du groupe de Max Roach (1967-1969).

En 1969, le trompettiste forme un quatuor appelé « Music Inc. » qui met souvent en vedette le pianiste Stanley Cowell et s’élargit quelquefois à la dimension d’un big band, « Music Inc & Big Band ».

Co-fondateur du label Strata-East Records

En 1971, Charles Tolliver et Stanley Cowell forment le label Strata-East Records lequel sort de nombreux beaux disques dans les années 1970 comme « Music Inc. », enregistré en novembre 1970 et « Impact » enregistré en janvier 1975 par le Big Band de Music Inc. de Charles Tolliver. Chose remarquable, pour ces albums, le leader compose, arrange, joue en solo et dirige lui-même.

Dans les années 70, Strata-East a enregistré des albums d’artistes de premier plan parmi lesquels entre autres Clifford Jordan, M’Boom, Cecil Payne, Sonny Fortune, Shirley Scott, Harold Vick. On note que « The Bottle » (1974) de Gil Scott-Heron constitue sans doute le plus grand succès du label Strata-East encore actif actuellement.

Au cours des années 80 et 90, Charles Tolliver poursuit ses tournées avec son petit groupe, « Music Inc. » et interprète à plusieurs reprises ses compositions et arrangements de grands ensembles en tant que soliste avec pratiquement tous les orchestres européens de radio/TV Jazz.

2007 et 2009

Les deux derniers enregistrements en leader de Charles Tolliver remontent au splendide « With Love » publié en 2007 chez Blue Note avec le Charles Tolliver Big Band et à l’album « Emperor March: Live at the Blue Note » (Halfnote Records) enregistré au Blue Note de New York avec son big band et sorti en 2009. On le retrouve aussi cette même année sur l’album « Introducing Keyon Harrold » de Keyon Harrold ‎où il intervient sur TMF Nuttz, le premier titre du disque.

2020

Après un long silence discographique, l’année 2020 marque le grand retour du légendaire trompettiste avec la sortie de « Connect » dont la sortie est annoncée le 31 juillet 2020 sur le label londonien indépendant Gearbox Records.

« Connect »

« Connect » constitue la première participation de Charles Tolliver au label Gearbox Records, basé à Londres et responsable des récentes sorties du légendaire pianiste, compositeur et arrangeur Abdullah Ibrahim, du duo saxophone-batterie « Binker & Moses », du quintet américain Butcher Brown, groupe très actuel, inspiré par le hip hop mais dont les racines remontent à la fusion électrique des années 70 et du tubiste Theon Cross.

Après contact avec Darrel Sheinman, fondateur du label Gearbox Records, Charles Tolliver a enregistré les quatre pistes de « Connect » à Londres en novembre 2019, dans la dynamique d’une tournée de concerts donnés par le Charles Tolliver All Stars en Europe et à Londres.

Enregistré aux Rak Studios et mixé par Tony Platt (ingénieur du son de Bob Marley, Jazz Jamaica All Stars, Abdullah Ibrahim), « Connect » réunit autour du trompettiste quelques-uns des meilleurs musiciens de la scène jazz new-yorkaise. En effet le Charles Tolliver All Stars compte le saxophoniste alto Jesse Davis, le pianiste Keith Brown, le contrebassiste Buster Williams et le batteur Lenny White. Avec la présence sur deux titres du saxophoniste ténor britannique Binker Golding, l’album relie New-York à Londres. S’il participe au revival de la scène jazz londonienne avec entre autres le duo « Binker & Moses » (saxophone/batterie), le virtuose instrumentiste possède plus d’une corde à son arc, ce dont témoigne sa participation à deux titres de « Connect » (Emperor March et Suspicion) où sa prestation s’enracine dans la grande tradition du jazz.

Les quatre compositions de « Connect » sont à porter au crédit de Charles Tolliver.

Au fil des pistes

La trame de Blue Soul se déroule telle une composition des Jazz Messengers de Art Blakey. Très groovy, le morceau s’échappe pourtant dans une modernité très libre, avec un piano très incisif et un solo de l’alto, qui, s’il demeure dans les canons les plus classiques s’avère intense et expressif. Avec un son cuivré et percutant, la trompette du leader captive l’oreille et affiche une maîtrise parfaite de sa sonorité.

Après un exposé collectif au tempo morcelé évocateur du plus pur jazz modal, Emperor March glisse sur un faux rythme de samba. Par son improvisation charnue et organique, le saxophone ténor dégage une tension aux accents félins qui enflamment le propos. L’alto y répond de manière plus lyrique alors que la trompette stimulée semble animée par un feu intérieur. Improvisation au phrasé souple, trilles égrenés dans le registre aigu. Le piano prend le relais avec véhémence et virtuosité et la batterie finalise le morceau dans un chorus polyrythmique transcendant.

Sur Copasetic, de pure obédience hard bop, la trompette délivre des inflexions free à la sonorité fauve. Avec exubérance, les chorus de l’alto et du piano s’enflamment tour à tour, et le morceau, le plus court de l’album, dégage une énergie joyeuse que le découpage rythmique dynamise.

Introduit par une superbe improvisation de contrebasse dont la ligne de basse permet de saisir la maîtrise développée par Buster Williams, Suspicion démarre à vive allure. Le collectif se retrouve dans un climat groovy que les rythmiciens entretiennent. Les solos successifs de la trompette, du ténor puis de l’alto et du piano explorent l’espace avec beaucoup de liberté et manifestent un enthousiasme qui tourne à l’emballement et se termine dans une euphorie collective à laquelle il est difficile de résister.

« En quatre titres, « Connect » propose un jazz hard bop assumé, entre tradition et modernité. Énergie et propos ciselés coexistent. Ça groove et ça gronde avec en point d’orgue, une belle euphorie musicale !

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