« Caravan Party » avec Johan Farjot & Friends

« Caravan Party » avec Johan Farjot & Friends

Voyage festif sous le signe du swing

L’album « Caravan Party » propose un voyage festif placé sous le signe du swing. Au fil des quinze titres, le pianiste Johan Farjot célèbre plusieurs décennies de musiques populaires et des compositrices du 20e siècle. De nombreux artistes invités participent à la fête et élaborent avec lui une playlist réjouissante.

visuel de l'album Caravan Party de Johan Farjot & FriendsAvec « Caravan Party » (KLARTHE Records/believe/SOCADISC) sorti le 27 janvier 2023, le pianiste, compositeur et arrangeur Johan Farjot propose un opus débordant de vitalité.

Aux côtés du leader, une flopée d’artistes tous plus talentueux les uns que les autres, font vibrer de swing les quinze titres du répertoire. S’il est plutôt joyeux, le propos musical n’est pas tout à fait dénué de nostalgie.

« Caravan Party », une fête chorale arrangée et dirigée du piano par Johan Farjot.

« Caravan Party »

Johan Farjot pilote la caravane avec de nombreux invités.

Ainsi, au long du répertoire, se succèdent à ses côtés Julie Saury et Joe Quitzke (batterie), Felipe Cabrera et Laure Sanchez (contrebasse), Hugo Lippi (guitare), Ronald Baker (trompette, voix), Louis Sclavis (clarinette), Raphaël Imbert, Vincent Lê-Quang, Baptiste Herbin et Jeanne Michard (saxophones), Arnaud Thorette (violon alto), Humayoun Ibrahimi (tablas), Fidel Fourneyron (trombone), Dan Tepfer (piano), l’Ensemble Saxo Voce, Marion Rampal, Inès Matady, Rosemary Standley, Aude Publes Garcia et Hugh Coltman (voix).

Enregistré au Bal Blomet les 09 et 10 septembre 2021, sauf l’improvisation Free Ballad captée le 02/12/21, « Caravan Party » fête le jazz de la plus belle des manières.

Sept des quinze titres du répertoire sont redevables à de célèbres compositrices du XXème siècle : Joni Mitchell, Mary Lou Williams, Nina Simone, Carla Bley, Alice Coltrane, Meredith Monk et Moune de Rivel. Composé par le leader, Blues for Angels rend hommage à Didier Lockwood, dont le dernier concert eut lieu en 2018 au Bal Blomet.

Au fil des pistes

C’est avec la voix de Hugh Coltman qu’ouvre et se termine l’album « Caravan Party ». Sur Brother can you spare a dime de Jay Gorney (musique) et Yip Harburg (paroles), le chant de Hugh Coltman et le trombone de Fidel Fourneyron rivalisent de swing. Avec Black is the color of my true love’s hair, le chanteur restitue toute la poésie de cette chanson traditionnelle à laquelle voix, contrebasse, piano et batterie confèrent une poésie qui hésite en tristesse et espoir.

Niché au cœur du répertoire, Caravan, composé en 1936 par Juan Tizol et Duke Ellington pour la musique et Irving Mills pour les paroles, évoque une échappée du côté du Moyen Orient. Avec sa fougue et sa verve habituelle, le saxophone alto de Baptiste Herbin survole la caravane musicale de Johan Farjot composée de l’Ensemble Saxo Voce, Laure Sanchez (contrebasse) et Julie Saury (batterie). A la toute fin du morceau, Hugh Coltman les rejoint pour boucler cette escapade joyeuse.

Le voyage de la caravane fait étape à Woodstock via la composition de Joni Mitchell que chante Marion Rampal. On fait aussi un crochet en Inde à travers le titre Journey in Satchidananda écrit par Alice Coltrane en hommage à son maître religieux, Swami Satchidananda. Le morceau est arrangé et joué par Raphaël Imbert. Interprétation déchirante.

Sur le Jesus Maria de Carla Bley, la chanteuse Rosemary Standley et le saxophoniste Vincent Lê-Quang dialoguent autour de la tristesse d’un petit garçon en pleurs à la suite de moqueries d’enfants à propos de son prénom étranger. Plus loin, l’altiste Arnaud Thorette fait vibrer d’une intense nostalgie la composition de Meredith Monk, Gotham Lullaby.

En créole puis en français, le chant de Aude Publes Garcia et le saxophone de Jeanne Michard reprennent la chanson Prends Courage, oh ! de la musicienne française d’origine guadeloupéenne Moune de Rivel (1918-2014). Mélancolie et tendresse mêlées.

Sur un motif obsédant tenu par la contrebasse de Laure Sanchez, le guitariste Hugo Lippi et le saxophoniste Raphaël Imbert font monter la tension jusqu’à la transe sur le sublime Ode to Sainte Cécile de Mary Lou Williams.

Le blues se taille la part belle dans le répertoire. C’est une version épurée du Baby Man de John Stubblefield qu’interprète avec une grande sensibilité le pianiste franco-américain Dan Tepfer. La trompette et la voix de Ronald Baker restituent la désespérance contenue dans le standard Gee Baby, ain’t I good to you composé en 1929 par Don Redman avec des paroles de Andy Razaf.

Dédié à Didier Lockwood, dont le dernier concert eut lieu en 2018 au Bal Blomet, le ténor de Raphaël Imbert élève sa plainte désespérée sur la composition de Johan Farjot, Blues for Angels. Hommage admiratif empreint de tristesse.

Sur If you knew, composé par Nina Simone, la voix d’Inès Matady et le saxophone ténor de Raphaël Imbert font entendre le chant désespéré d’un amour éperdu sans lequel il est impossible de continuer le voyage de la vie. La voix de Marion Rampal et le trombone de Fidel Fourneyron semblent inconsolables tout au long du Black trombone de Serge Gainsbourg dont ils proposent une version empreinte d’émotion.

Élément essentiel de l’expression du jazz, l’improvisation est honorée de très belle manière par Free Ballad, titre créé en impro totale par la clarinette de Louis Sclavis, avec à ses côtés Raphaël Imbert, Johan Farjot et Joe Quitzke, lors d’une des 1 001 Nuit(s) du Jazz au Bal Blomet, en décembre 2021.

« Caravan Party », de bout en bout, ça groove, ça swingue

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