Rituels de sérénité
Loin des colères et de la frénésie du monde, la flutiste et compositrice Naïssam Jalal met le cap sur la profondeur et la douceur avec « Healing rituals ». Elle a imaginé et créé huit rituels de guérison qui résonnent comme huit rituels de sérénité où se mêlent harmonies du Moyen Orient et lyrisme modal. Une musique acoustique et vibrante aux atmosphères apaisantes, intenses et lumineuses.
Après le double album « Un Autre Monde » (Les Couleurs du Son//L’Autre Distribution) paru en février 2021, Naïssam Jalal est de retour avec « Healing rituals » (Les Couleurs du Son & L’autre distribution) sorti le 31 mars 2023.
Pour ce neuvième album en neuf ans, la flûtiste s’exprime au sein d’un quartet acoustique qui évolue entre orchestre de jazz contemporain et quatuor de chambre. Elle est entourée du violoncelliste Clément Petit, du contrebassiste Claude Tchamitchian et du batteur Zaza Desiderio.
« Healing rituals »… une musique très moderne, inspirée des traditions et de la transe, riche en énergie.
Le projet
Suite à une hospitalisation, la musicienne a pu mesurer la puissance curative de la musique qui l’a soulagée plus qu’aucune parole : « J’ai dû, à un moment douloureux de ma vie, passer quelques semaines à l’hôpital. Un ami musicien, est venu jouer dans ma chambre. L’impact de la musique a été très fort d’un point de vue moral, intérieur, mais aussi physiologique. Par souci de rendre à d’autres ce que j’ai eu la chance de recevoir, j’ai souhaité aller jouer en chambre. »
Elle affirme que « le corps et l’esprit en souffrance ont besoin d’une musique simple, belle, vrai, intense et répétitive pour retrouver un certain bien être… ces caractéristiques que l’on retrouve dans la plupart des musiques destinées à la guérison comme dans le zar en Egypte, le gnawa au Maroc, et dans de nombreuses musiques qui soignent. »
Pour Naïssam Jalal, ces huit rituels de guérison « répondent aux trois impératifs du corps en souffrance : le silence, la transe et la beauté. Le silence pour l’apaisement. La transe pour l’oubli des douleurs et des angoisses. La beauté dont l’esprit a besoin de se nourrir pour retrouver l’espoir et l’envie de vivre face à la laideur du corps qui souffre. »
Elle a imaginé et composé ces huit rituels « en dehors de toute tradition » mais en lien avec « les éléments de la nature ». La rivière, la lune, le soleil, les collines, la brume, la forêt, le vent et la terre l’ont inspirée. Elle a tenté de « retranscrire en musique l’énergie puissante de chacun de ces éléments » pour recréer les sensations qu’ils ont créé en elle… calme, plénitude, émerveillement. Pour elle, « le lien aux éléments de la nature inscrivait [s]es rituels dans une filiation avec les autres musiques de guérison qui sont toutes liées, plus ou moins, à des croyances animistes. Même lorsqu’elles prennent place dans des sociétés musulmanes, ces musiques sont le fruit du syncrétisme entre l’islam et les croyances animistes ancestrales des populations qui les ont produites. »
« Healing rituals »
Nassam Jalal a choisi de s’exprimer en quartet au sein d’une formation acoustique composée de deux instruments à cordes, le violoncelle de Cément Petit et la contrebasse de Claude Tchamitchian et d’une batterie, celle de Zaza Desiderio.
Enregistré en septembre 2022 au Studio Gil Evans, « Healing rituals » propose une musique chambriste aux accents très contemporains dont le vocabulaire emprunte à de nombreuses traditions musicales qui l’inspirent parmi lesquelles entre autres, jazz modal, musiques du Sahara, gnawa, arabe classique, hindoutanie.
Au fil des titres
Rituel du vent invite à un voyage hypnotique. Chant de la voix en écho à celui de la flûte et du nay, son de l’archet sur les cordes du daf, jeu mystérieux et sombre de la contrebasse, batterie obsédante. Le répertoire se poursuit avec Rituel du soleil inspiré par l’astre éblouissant. Après le rif introductif de la contrebasse et du daf, le nay déploie ses volutes au-dessus des cordes et de la batterie. La transe gnawa est proche. On est éblouit par le contraste qui règne entre les sons aigus de la flûte et ceux de la rythmique. La partition est comme irradiée par la chaleur du Sahel.
Le jeu rythmique de la batterie étoffe Rituel des collines et suggère les grands espaces. Les arabesques lyriques de l’archet sur les cordes du violoncelle évoquent les rayons du soleil couchant sur les hauteurs. Plus loin, le lancinant Rituel de la rivière saisit par sa magie. Boucles rythmiques et riff réitératif de la flûte qui enroule ensuite ses volutes mélodieuses et aériennes au-dessus de la batterie, profond chorus de contrebasse… fluide, la rivière coule.
Après l’introduction flûte-contrebasse à l’archet de Rituel de la terre, la batterie entre en jeu et ouvre l’espace à la flûte lumineuse puis au chant qui s’élève telle une prière. La voix de Naïssam Jalal s’envole dans les aigus et sa complainte enveloppe les sons de la contrebasse. Voix, contrebasse, baguettes et flûte invitent ensuite à les suivre dans Rituel de la forêt. On croit entendre les chants des oiseaux et leurs becs qui frappent les arbres. On tombe sous le charme du chorus/dialogue fécond batterie/flûte. Puissent toutes les forêts prodiguer pareille musicalité !
La nuit tombe et advient Rituel de la lune. Une ligne de basse veloutée troue le silence de la nuit et introduit le thème. La flûte suggère la lumière de la lune. La contrebasse la rejoint. Se crée alors un climat apaisant puis le rythme s’accélère et les sons se densifient. Tous les instruments font écho à la flûte et à la voix de Naïssam Jalal qui pratique le parler-souffler avec une maîtrise inouïe. Revient ensuite le calme lunaire.
Dernier morceau de l’album, Rituel de la brume interpelle par la douceur de son climat voilé et par la lenteur expressive de la voix et des instruments. La musique chuchote et invite au songe.
Pour écouter Naïssam Jalal et son projet « Healing rituals », rendez-vous le 13 mai 2023 à 20j30 au Cheval Blanc à Schiltigheim (67300) et le 08 juin 2023 à 20h au Café de la Danse (Paris) pour le concert de sortie de l’album.
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