Jazz à Vienne – Christian Scott

Jazz à Vienne – Christian Scott

Une musique fascinante, puissante et esthétique

Le 30 juin 2017 à « Jazz à Vienne », Christian Scott et son groupe assurent la seconde partie de la soirée. Malgré les conditions météorologiques défavorables et un début de concert un peu différé, le public apprécie à sa juste mesure la musique novatrice du trompettiste.

Christian Scott que l’on avait découvert aux côtés de Marcus Miller en 2009 s’inscrit dans la droite ligne des souffleurs de la Nouvelle-Orléans. En peu de temps le neveu du saxophoniste Donald Harrison Jr. s’est forgé un style très personnel en participant à la création de la Stretch Music. Ce jeune trompettiste né en 1983 ne cesse d’étonner par sa capacité à intégrer des influences modernes dans le jazz centenaire. On peut évoquer sans grande erreur une filiation qu’il aurait avec un autre musicien qui a bien avant lui fait évoluer le jazz selon une logique similaire, un certain trompettiste prénommé Miles.

Le concert de ce 30 juin 2017 restera gravé dans les mémoires de celles et ceux qui ont bravé le froid et la pluie. Malgré les circonstances peu favorables, le trompettiste a très vite recueilli des applaudissements nourris et fait briller  de bonheur les yeux des spectateurs.

Il est vrai qu’il sait y faire le bougre. Non seulement il joue à merveille mais il prend aussi le temps de présenter ses musiciens et de louer leurs qualités dont on s’apercevra très vite qu’elles sont à l’aulne de ses dires. Il sait aussi narrer avec humour les déboires subis tout au long de sa journée suite à des impérities des transports aériens. Le public ainsi détendu peut alors se concentrer tout entier sur la musique, en savourer la puissance et les nuances et se laisser gagner par l’émotion.

Christian Scott est entouré d’une section rythmique hors pair avec Lawrence Fields (piano, claviers), Luques Curtis (contrebasse) et Mike Mitchell (batterie). A ses côtés, la flutiste Elena Pinderhughes que l’on a découverte sur le second album d’Ambrose Akinmusire. Son jeu aérien, fluide et limpide tranche avec celui du leader plus mordant et puissant qui utilise alternativement Sirenette et Reverse Flugel, des modèles de trompettes qui portent sa signature.

La musique du groupe témoigne de sa très forte cohésion où chacun prend sa place sans omniprésence. Il en ressort un climat fusionnel qui porte un discours très moderne pourtant ancré dans la tradition du jazz. Contemplatives ou puissantes, sereines ou guerrières les ambiances varient. Les improvisations cristallines du pianiste et les interventions du contrebassiste captivent. Le batteur transforme le paysage rythmique de chaque morceau et assure une assise solide sans faille aucune. La section rythmique constitue une solide charpente qui porte les deux solistes et leur permet de s’exprimer en toute liberté.

Lorsque Christian Scott conte son vécu d’enfant aux côtés de son grand-père, Donald Harrison Sr., Grand Chef de quatre tribus d’Indiens Noirs de Louisiane (Brave, Creole Wild West, White Eagles et Guardians of the Flame). Christian Scott lui-même est cette année devenu chef indien de sa tribu nommée Yamasee ou Brave. A travers le discours qu’il tient on comprend que Christian Scott aTunde Adjuah souhaite lutter contre les discriminations et changer le monde grâce à la musique, l’amour et la solidarité vis à vis des démunis oubliés de la société.

Tel un guerrier félin il enchaîne sa narration avec un hymne tribal dédié à l’amour où le batteur devient le cœur battant d’une musique chargée d’émotion, de profondeur et de puissance. De la mêlée s’élève le chant volubile et fluide de la flutiste. Les effets électroniques de la trompette contribuent à donner encore plus de lumière et de respiration au message de cette musique organique et très physique.

La cohésion du groupe a imposé son énergie à la musique traditionnelle et moderne à la fois. Les variations d’ambiances de la section rythmique implacable ont donné libre cours à l’expression des solistes. Les envolées limpides et aériennes de la flutiste ont éclairé de lumière la partition de la soirée. Le jeu physique et précis du trompettiste a convaincu tant par son mordant que par ses fulgurances lyriques. De ce concert le public repart heureux et conquis.

Pour rentrer plus avant dans le monde de Christian Scott, on conseille l’écoute des l’albums « Ruler Rebel » et « Diaspora », deux premiers opus de la Centennial Trilogy que Christian Scott produit pour célébrer le centenaire du jazz.

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