Europa Oslo, dernier album de l’ONJ dirigé par Olivier Benoit

Europa Oslo, dernier album de l’ONJ dirigé par Olivier Benoit

Passionnant et magnétique

Olivier Benoit et l’ONJ terminent leur tour d’Europe. Après Paris, Berlin et Rome, le projet Europa gagne Oslo. « Europa Oslo » dresse le portrait musical de la Norvège. La musique se renouvelle et fait alterner les climats. Une partition opératique passionnante.

Sur ce quatrième et ultime opus « Europa Oslo » (ONJ/L’Autre Distribution) sorti le 28 avril 2017, le directeur musical de l’ONJ, Olivier Benoit propose son nouveau programme créé en résidence à l’Académie norvégienne de musique d’Oslo, en décembre 2016. Pour ce faire il a associé deux artistes pour offrir un autre répertoire à la magnifique machine qu’est devenu l’ONJ. Le poète osloïte Hans Petter Blad auteur des textes de l’album et la comédienne Maria Laura Baccarini

Hans Petter Blad a traduit lui-même en anglais certains de ses textes réalistes qui résonnent avec les musiques d’Olivier Benoit. Connue dans le monde du jazz pour son travail auprès de Régis Huby  la comédienne Maria Laura Baccarini se fait chanteuse ou récitante avec l’ONJ et sa voix fascinante est un élément majeur sur cet album qu’elle habite littéralement.

Sur « Europa Oslo », l’ONJ d’Olivier Benoit donne à entendre son unité, sa cohérence sur soixante neuf minutes d’une musique singulière dont les richesses se dévoilent à chaque nouvelle mesure. Si la photo de couverture pourrait laisser augurer d’une musique plutôt froide, il n’en est rien, loin de là. Il s’agit d’une suite orchestrale qui prend les couleurs d’une forêt musicale bruissant de mille sonorités et de tout autant de nuances. Rythmique souple ou pulsatile, frottements gracieux ou grincements féroces des cordes, turbulences ou grâce des soufflants, voix qui passe du murmure au cri, sonorités fiévreuses et énergiques ou bruitisme inquiétant.

Avant de continuer plus avant à évoquer la musique de ce onzième Orchestre National de Jazz, il est bon de rappeler sa composition et de signaler que le directeur, Olivier Benoit, les a choisis après un appel à candidatures. Lui-même tient la guitare. Il est entouré de Maria Laura Baccarini (voix), Jean Dousteyssier (clarinettes), Alexandra Grimal (saxophone ténor), Hugues Mayot (saxophone alto), Fidel Fourneyron (trombone), Fabrice Martinez (trompette, bugle), Théo Ceccaldi (violon), Sophie Agnel (piano), Paul Brousseau (Fender Rhodes, synthétiseur basse), Sylvain Daniel (basse électrique) et Eric Echampard (batterie, électronique).

Le nuancier de la musique de l‘ONJ « Europa Oslo » est d’une richesse inouïe. La musique explose ou murmure. Elle porte à la rêverie ou évoque la révolte. On est surpris autant qu’enchanté. On apprécie les moments suspendus portés par la voix limpide et souple de Maria Laura Baccarini, les notes perlées de Sophie Agnel, les tumultueux emballements menés par la basse rugueuse de Sylvain Daniel et la batterie énergique d’Eric Echampard. L’orchestre tout entier rejoint les rythmiciens pour faire pulser un groove tellurique et fascinant.

Même s’il s’agit de la musique d’un orchestre devenu une véritable entité, les solistes ne sont pas en reste. Le saxophone d’Alexandra Grimal psalmodie sur Sense That You BreathePaul Brousseau fait exploser ses claviers électriques sur Ear Against The Wall porté par l’énergie pulsatile d’un Eric Echampard inépuisable. Sur Intimacy, la guitare d’Olivier Benoit se fait lyrique et il se déchaîne tel un rocker infatiguable comme pour s’élever au niveau du chant. Le saxophone alto de Hugues Mayot éclabousse A Sculpture Out Of Tune de ses spirales ascensionnelles qui rivalisent avec la voix de Marie-Laura Baccarini. Le trombone de Fidel Fourneyron donne le tempo et des couleurs à la fête sur An Immoveable Feast. La trompette de Fabrice Martinez prend son envol avec insolence sur Det Har Ingenting Å Gjøre soutenu par la guitare et l’orchestre tout entier.

Si la musique de cet album s’abreuve aux sources du jazz, du rock progressif et de la musique répétitive, elle résulte surtout du travail d’un directeur qui a su offrir l’espace nécessaire aux musiciens pour que l’ONJ devienne vraiment un groupe et sonne comme jamais encore l’ONJ ne l’avait fait et pourtant on a connu de beaux moments sous la conduite des précédents directeurs depuis 1986 qui a vu la naissance de cet Orchestre National de Jazz. 

Écouter « Europa Oslo » constitue une expérience qui dépasse largement la notion du simple plaisir. On ressent des moments d’intenses vibrations. On se laisse envahir par des émotions très fortes. On frissonne et on se sent transporté sur les cinq dernières minutes de « Pleasures Unknown », le titre bonus de l’album. C’est absolument bouleversant. On regrette vraiment que l’ONJ ne soit pas plus largement accueilli sur les scènes françaises. On envie les veinards qui pourront écouter ce répertoire avant juin 2018 et pourront ainsi vivre live des moments de bonheur musical intense.

« Europa Oslo ». La musique pulse et respire, vibre et s’envole, surprend et se réinvente de plage en plage. Chaque morceau permet à l’orchestre de faire résonner son propre vocabulaire pour écrire un langage qui n’a cesse de se renouveler. Avec l’énergie inventive d’un collectif innovant, l’ONJ explore tous les univers. Il élabore des instants poétiques mais génère des moments énergiques à la rythmique entêtante et tellurique.

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