Jazz Campus en Clunisois 2023 – Shabda

Jazz Campus en Clunisois 2023 – Shabda

Une soirée vibrante de musicalité et d’émotion

Pour la dernière soirée du Festival Jazz Campus en Clunisois 2023, Didier Levallet accueille « Shabda », le sextet du contrebassiste et compositeur Yves Rousseau. Trois saxophones, un violon, une batterie et la contrebasse du leader. Une soirée vibrante de musicalité et d’émotions.

La programmation de Jazz Campus en Clunisois 2023 se termine en apothéose avec la venue de « Shabda », le sextet du contrebassiste Yves Rousseau.

Yves Rousseau - Jazz Campus en Clunisois 2023 - ShabdaSur le devant de la scène, « Shabda » réunit la front-line des soufflants avec trois saxophones, l’alto de Géraldine Laurent, le soprano de Jean-Marc Larché et les soprano et baryton de Jean-Charles Richard. En arrière, Yves Rousseau (contrebasse) entouré de Johan Renard (violon) et de Christophe Marguet (batterie).

Après Ouverture, morceau d’introduction interrogatif où le saxophone serein de Jean-Marc Larché dialogue avec le drumming fourni de la batterie, les trois saxophonistes entament Shabda, titre éponyme du nom de l’ensemble qui signifie « son » en sanscrit. L’orchestre déroule ensuite Poetic Touch dont les couleurs sonores évoquent de larges espaces ouverts comme des trouées de liberté dans le ciel.

Complexe et lyrique la musique enfle et prend possession de la scène. De nuances en contrastes, elle apostrophe les oreilles. Les paysages sonores se succèdent, intenses ou tendres, volcaniques ou intimes, incandescents ou délicats.

Après avoir remercié Didier Levallet et son festival « indispensable », Yves Rousseau précise que le répertoire du concert n’a jamais été enregistré puis annonce le morceau suivant, Yarin, un thème composé il y a une douzaine d’années pour l’année de la Turquie. Il signifie demain et le musicien le dédie à sa chère et tendre« demain sera forcément mieux qu’aujourd’hui ».

Les mailloches s’agitent avec force sur peaux, fûts et cymbales alors que le violon gémit dans les aigus. Les trois soufflants embouchent et très lentement le sextet entame une marche musicale. Après une envolée poétique et exaltée de Jean-Marc Larché, Géraldine Laurent élabore un solo poignant chargé d’émotion. Le groupe revient à un tempo plus soutenu jusqu’à la fin du morceau qui explose en une fin impétueuse.

Du fond de la scène, la contrebasse s’exprime seule. Notes graves, détachées, arpèges, accords, on croit entendre une voix qui s’échappe ensuite brièvement dans les aigus avant de terminer son chant mélancolique et profond. Saxophones alto et soprano enchaînent avec une tendre mélodie vite rejoints par le grave baryton et le violon plaintif. Au rythme des roulements de tambour se tisse alors une étoffe musicale qui semble évoquer le début d’un drame. Le rythme du récit s’accélère puis ralentit et se dessine ensuite une tréchappée lumineuse dans laquelle s’immisce la contrebasse. Le sextet entame une procession pensive au fil de laquelle violon et batterie ébauchent une escarmouche épique. La contrebasse vient arbitrer l’échange et la sarabande dantesque se calme. La section des saxophones revient sur le devant de la scène. Tandis que le violon égrène inlassablement la même note hyper aigüe, contrebasse et batterie invitent le groupe à reprendre sa marche tranquille.

Shabda -Jazz Campus en Clunisois 2023Façonnée par l’ingénieur du son Julien Reyboz, la musique de « Shabda » évoque des paysages cinématographiques. Captivé par la puissance évocatrice de la musique, le public applaudit à tout rompre.

Le concert continue avec un morceau dont le titre signifie le vent en langue turque, Rüzgar… celui qui secoue ou caresse, se fâche et soulève des poussières de notes. Après le souffle du refrain sautillant, l’alto souffle avec force, soutenu par la frappe tellurique des balais qui convoquent la tempête avant un dernier morceau enchaîné qui pousse la musique à son paroxysme. Les musiciens sont salués par une ovation dont la frénésie approche celle de la musique. En rappel, le sextet esquisse une courte valse tout en légèreté et en douceur.

Elaboré par Didier Levallet, le cru 2023 de « Jazz Campus en Clunisois » se termine après huit jours d’une programmation superbe dont la teneur reflète la pluralité et la richesse du jazz hexagonal actuel.

« Mères Océans » de Christophe Panzani

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Jazz Campus en Clunisois 2023 – Shabda

Jazz Campus en Clunisois 2023 – Simon Goubert – Sylvain Rifflet

« Le Matin des Ombres » & « Aux Anges »

Le 25 août 2023, Jazz Campus en Clunisois 2023 propose un double plateau sur la scène du Théâtre les Arts de Cluny. En ouverture et en solo, le batteur Simon Goubert fait chanter « Le Matin des Ombres » puis, à la tête de son quartet, le saxophoniste Sylvain Rifflet s’adresse « Aux Anges » et invite le public à les rejoindre dans un monde électroacoustique tourmenté. Contrastée, cette surprenante soirée fait alterner et grondements et tourbillons sonores.

En première partie de soirée, tel un maître des orages, le batteur Simon Goubert offre au public un set audacieux et inventif où le silence trouve sa place entre roulements furieux et grondements turbulents.

Le musicien présente les origines de son projet « Le Matin des Ombres ». Il révèle avoir a été marqué en 1978 par la musique de Ivan Wyschnegradsky. En 2022, plus de quarante ans après, avec l’accord des ayants droits, il réalise son projet et publie l’album « Le Matin des Ombres » (Pee Wee!), librement inspiré de la musique du compositeur.

Sur sa Gretch, Simon Goubert sculpte les textures sonores et produit une musique aux frontières du jazz et de la musique contemporaine. Son ordinateur projette dans l’espace des répétitions de notes et des sons électroniques alors qu’il frappe vigoureusement toms et cymbales de ses balais et maillets. Entre coups et silences, entre battements et roulements, Simon Goubert dissèque le tempo qu’il accélère ou ralentit au fil de son inspiration.

Entre mystère et lumière, « Le Matin des Ombres » de Simon Goubert libère un feu d’artifice de sons.

A la tête de son quartet, le saxophoniste Sylvain Rifflet présente son projet « Aux Anges » dont il ambitionne d’investir les cieux. Entouré de Yoann Loustalot (trompette), Csaba Palotai (guitare) et Benjamin Flament (percussions) le musicien développe une musique colorée et céleste. Des arabesques de notes émergent de son saxophone ténor et de sa clarinette. Elles murmurent, planent, tourbillonnent et s’envolent en direction des… Anges.

Après La Valse du Viking, Abbey, un morceau écrit pour Costa Gavras puis Le Murmure, le quartet développe la musique dynamique de l’album « Aux Anges » (Label Magriff/L’Autre Distribution).

Entre accélérations et suspensions, entre riffs et breaks, les lignes mélodiques inspirées du quartet de Sylvain Rifflet flottent et installent un climat éthéré.

« Mères Océans » de Christophe Panzani

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Jazz Campus en Clunisois 2023 – L’homme À Tête de chou in Uruguay

Innovant, exaltant et volcanique

Le 24 août 2023, Didier Levallet accueille le quartet de Daniel Zimmermann sur la scène du Théâtre les Arts de Cluny. Le tromboniste vient présenter son projet « L’homme À Tête de chou in Uruguay ». Un spectacle exaltant et volcanique qui propose une relecture innovante de chansons issues du répertoire de Serge Gainsbourg. Des variations inventives sur lesquelles souffle l’esprit d’un jazz teinté de rock, de funk et de reggae.

Le tromboniste et compositeur Daniel Zimmermann entre en scène entouré de Pierre Durand (guitare), Stéphane Decolly (basse) et Julien Charlet (batterie) Le leader précise que le quartet ne présente pas des reprises mais des « re-compositions » de mélodies de Serge Gainsbourg transposées dans l’univers du groupe.

Jazz Campus en Clunisois 2023 – L'homme À Tête de chou in UruguayLe set ouvre avec S.S. in Uruguay que le leader présente comme mashup retravaillé de deux chansons de Gainsbourg, L’Homme à la tête de chou pour les harmonies et S.S. in Uruguay pour la mélodie et pense qu’il devrait s’intituler « L’Homme à la tête de chou in Uruguay ». Après ce premier morceau très énergique, le groupe interprète une relecture de New York - U.S.A. morceau qui a été créé par un musicien nigérian puis « emprunté » par Gainsbourg. Propulsé par une rythmique au groove implacable, le tromboniste expose le thème puis après un chorus très mélodique confie l’espace musical à la basse de Stéphane Decolly. Morceau court mais intense.

Daniel Zimmermann prend alors le micro pour évoquer la suite du programme avec Les amours perdues, une chanson d’amour qui évoque les amoureux transis. Après l’intervention très mélodique du trombone, la guitare étire les sons au fil d’un très court chorus développé au ralenti et soutenu par la basse chantante.

Le répertoire se poursuit avec Comic Strip que le leader dit avoir « atomisé ». Sur un rythme assez soutenu la basse se fait groovy et ronfle, le trombone enchaîne les effets puis entame un véritable combat musical avec la guitare. La fièvre gagne la scène… breaks, accords dissonants, improvisations époustouflantes se succèdent alors que la rythmique inoxydable génère un climat volcanique. Un retour à la mélodie esquissée par le trombone scelle la fin du morceau.

Le répertoire continue avec Bonnie and Clyde, morceau conçu pour être un enchaînement de questions/réponses. Avec ou sans sourdine, le tromboniste semble chanter dans son embouchure. Très mobile, la guitare réagit aux stimulations de la basse par des envolées lyriques alors que la batterie explose littéralement le tempo.

Le groupe intercale ensuite Babel, une composition enregistrée en 2016 sur son disque « Montagnes Russes » qui célèbre un retour aux premières amours musicales du leader ancrées dans le blues, le funk et l’humour. Le titre débute en force propulsé par une énergique pulsation binaire. Après une improvisation funk et débridée de la guitare, le quartet se retrouve pour une fin abrupte.

Micro en main, Daniel Zimmermann interpelle la salle : « Est-ce que vous aimez l’amour » ?… je vous cite les premières phrases du morceau pour poser l’ambiance… Avec machine, moi machin, on s’dit des choses, des machins… un morceau de 63 ou 64, un slow pour les danseurs qui ont des ambitions ! ». Le tromboniste embouche son instrument, souffle, balbutie, enchaîne les trémolos, pleure et murmure une déclaration d’amour à laquelle répond la basse avec tendresse avant que le quartet ne se retrouve sur un tempo alangui pour terminer cette version langoureuse fort réussie de Machins choses.

Après le titre de Gainsbourg, le groupe revient à une composition de Daniel Zimmermann écrite alors qu’il baignait dans les lectures de Jean Hatzfeld à propos du génocide des Tutsis au Rwanda. Elle porte d’ailleurs le titre d’un livre de l’écrivain, Dans le nu de la vie. Accords de guitare, notes aiguës du trombone, rythme martial et binaire de la batterie pulsatile, frappe sèche des baguettes sur le métal des toms et les cymbales. Empreinte de tristesse, la musique monte en puissance, se déchaîne puis explose… on croit percevoir les échos de coups de feu meurtriers. Le trombone relance avant une brève rupture suivie d’une reprise effrénée et d’une fin délicate. Au propre comme au figuré, les musiciens « ont mouillé la chemise ».

Retour à Gainsbourg avec un titre devenu un morceau culte de la pop mondiale, la Ballade de Melody Nelson. Le quartet en donne une version groovy poignante d’émotion. Le trombone esquisse le thème que ponctuent les pointillés de la batterie puis improvise, poussé par une note pulsatile que répète inlassablement la guitare avant que la batterie n’engage un tempo binaire appuyé sur les cymbales charleston. La guitare prend la suite avec un chorus nostalgique suivi de la reprise du thème par le trombone qui esquisse une fin nonchalante.

Jazz Campus en Clunisois 2023 – L'homme À Tête de chou in UruguayFin de la soirée avec un morceau mashup qui mixe la mélodie de Chez les yé-yé avec la ligne de basse du titre Les Locataires. Entre reggae et funk, le jazz se faufile et trouve sa place. La guitare flirte avec le rock et prend le relai du trombone puis les deux instruments dialoguent sur un tempo échevelé.

Après une courte sortie de scène, le quartet revient pour deux rappels, Intoxicated Man, le titre de Gainsbourg sur lequel le tromboniste chante, puis Montagne Russes, une des compositions du leader qui évoque les vicissitudes de la vie et qu’il dédie à ses enfants. Après un début plutôt mélancolique, la musique s’accélère, les boucles d’accords se succèdent pendant que la batterie s’enrocke avant que le morceau n’expire en douceur.

L’homme À Tête de chou in Uruguay, un concert contrasté, entre effervescence et confidence.

« Mères Océans » de Christophe Panzani

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Jazz Campus en Clunisois 2023 – Deep Rivers

Subtilité, élégance et sensibilité

Pour la troisième soirée du Festival Jazz Campus en Clunisois 2023 au Théâtre des Arts de Cluny, Paul Lay vient présenter son projet « Deep Rivers » en trio. Avec la chanteuse suédoise Isabel Sörling et le contrebassiste Simon Tailleu, le pianiste et compositeur rend hommage à 100 ans de chansons américaines, de la guerre de sécession à Nina Simone. Une soirée placée sous le signe de la subtilité, de l’élégance et de la sensibilité.

Paul Lay - Jazz Campus en Clunisois 2023 – Deep Rivers - 23-08-2023Avant de commencer le concert, Paul Lay précise brièvement le contexte dans lequel s’inscrit le répertoire. L’enregistrement de l’album « Deep Rivers » (Laborie Jazz/Socadisc/IDOL) sorti le 10 janvier 2020 a fait suite à une demande que le pianiste a reçu de Matthieu Jouhan alors qu’il préparait les évènements liés au centenaire de l’arrivée du jazz en Europe, en 1918 et particulièrement le centième anniversaire du premier concert de jazz, le 12 février 1918 à Nantes.

A la tête de son trio, Paul Lay célèbre les musiques populaires (folksongs et spirituals) des USA de la fin du 19ème et du 20ème siècle dont il propose des versions sensibles, puissantes et très personnelles.

Fin mélodiste, le pianiste orthézien Paul Lay met son imagination débordante au service de sa virtuosité tout en prenant de la distance avec la technique (qu’il maîtrise pourtant ô combien). Au fil du concert, le public découvre avec bonheur son identité singulière où se mêlent force et finesse, élégance et sensibilité, humour et contrastes.

Après avoir interprété I’m always chasing rainbows, un morceau de 1865, le trio enchaîne Southern Soldier Boy et deux chants traditionnels Rebel Soldier et Follow the drinking gourd, un tryptique de titres évoquant les soldats, leur combat, leur rébellion contre la guerre de sécession fratricide et la fuite des populations afro-américaines.

De sa voix claire et puissante Isabel Sôrling élève son chant qui résonne comme un gémissement, comme une plainte. Vêtue d’une longue et sobre robe noire, elle frappe le sol avec force et agite percussions et tambourin. Très vite le pianiste tombe la veste et son jeu se fait furieux alors que celui du contrebassiste affirme avec force le tempo.

Le concert se poursuit avec un morceau plus lent qu’introduit le piano. Avec poésie et tendresse, il égrène les notes et développe les arpèges avant d’être rejoint par la voix enchanteresse de la chanteuse.

Changement de tempo et de style. La contrebasse slappe alors que le jeu stride du pianiste adopte un rythme endiablé qu’il porte au paroxysme. Sur Mapple leaf rag de Scott Joplin, le jeu du pianiste se fait de plus en plus énergique et Simon Tailleu frappe cordes et caisse de sa contrebasse avant que la musique ne revienne au calme avant de se terminer abruptement après un épisode furieux. A quoi répondent avec enthousiasme les applaudissements nourris d’un public conquis.

Dans une démarche très pédagogique, Paul Lay présente Germany, le poème écrit en 1917 par le jeune américain Charles Hamilton Sorley contraint de se battre dans les tranchées contre les Allemands qui l’avaient accueilli avant la guerre. Il mourra sous les balles. Alors que le contrebassiste effleure les cordes, le pianiste martèle le clavier et la voix de la chanteuse s’élève dans les aigus puis monte en puissance et sa plainte déchire l’espace musical avant que de revenir à la sérénité.

Le set se termine avec une version jubilatoire de Battle of the republic. Après les notes détachées et mélancoliques de la contrebasse, la voix propulse son chant clair puis en frappant son tambourin entonne le refrain « Glory, glory, hallelujah! » auquel se rallie le piano. Le rythme s’accélère au fil de son chorus.

Après avoir quitté la scène, le trio revient pour deux rappels, Go to the hell de Nina Simone puis un blues poignant. De bout en bout du set une complicité fusionnelle a circulé entre les membres du trio. Ils ont transcendé les morceaux originaux qu’ils ont paré de couleurs enchanteresses. Contrastée, leur musique chargée d’émotion n’a rien perdu rien de sa subtilité ni de son élégance, même dans ses moments les plus jubilatoires.

« Mères Océans » de Christophe Panzani

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Jazz Campus en Clunisois 2023 – L’Arbre Rouge

Univers onirique et atypique

Le 22 août 2023, la scène du Théâtre des Arts de Cluny accueille L’Arbre Rouge, un quintet à l’instrumentation atypique à la lisière de la musique de chambre et du jazz. Porté par des musicien.ne.s à la technique instrumentale redoutable, le groupe transcende les styles et crée un univers onirique et atypique.

Présentés avec chaleur par Didier Levallet, les cinq musiciens de l’Arbre Rouge gagnent la scène… Clément Janinet (violon), Bruno Ducret (violoncelle), Joachim Florent (contrebasse), Sophie Bernado (basson) et Hugues Mayot (saxophone ténor, clarinette).

Dès le premier morceau, Apparition, l’arbre prend racine puis Refuge laisse entrevoir le tronc. La clarinette monte aux branches et se balance aux côtés du basson.

Sur Rêverie, on est frappé par la dimension cinématographique de la musique. Après un passage évoquant une marche cérémonielle, les instruments semblent gravir une pente qu’ils escaladent dans le fracas avant de quitter la procession en sautillant.

Accents mystiques, dissonances interrogatives, tonalités baroques, groove africano-caribéen et polyrythmies émaillent le concert.

D’architecture complexe, la musique bourgeonne. Elle navigue entre accents exaltés, mélodies expressives, dimension symphonique insufflée par les cordes, subtiles couleurs, complexes textures et riches chorus des improvisateurs. Dimension et collective et apartés individuels alternent.

Les voix se mêlent aux instruments. Les improvisations véhémentes du ténor répondent au chant lyrique du basson. Au fil du répertoire, les rythmes varient, de la sarabande effrénée à la comptine sautillante sans oublier les parenthèses poétiques et calmes, les silences suspendus et les accélérations fiévreuses. Le vertige nous gagne.

En raison de la chaleur qui règne dans le théâtre les musiciens doivent régulièrement ré-accorder leurs instruments et prient le public de les en excuser tout en les remerciant de sa présence au concert. Sur Vulcanos joué en hommage à un gardien de volcan en Indonésie, le ténor se fait éruptif puis le chant du basson adoucit et calme le fil musical.

Le concert se termine avec My sweet Lullaby, berceuse que Hugues Maillot chantait pour sa fille.

Sous les applaudissements fournis du public, les musiciens quittent la scène et malgré le climat étouffant de la salle reviennent pour un rappel. Rythmique soutenue, thème sautillant, ambiance tendue puis adoucie… la sarabande continue jusqu’à la fin pour le plus grand plaisir de toutes et tous.

« Mères Océans » de Christophe Panzani

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Jazz Campus en Clunisois 2023 – Shabda

Jazz Campus en Clunisois 2023 – The Source

Célébration incantatoire et songe poétique

Pour sa troisième soirée, le Festival Jazz Campus en Clunisois 2023 retrouve le Théâtre Les Arts de Cluny. Au programme, « The Source », le projet du contrebassiste Arnault Cuisinier. Au carrefour du jazz et de la chanson, la musique se profile entre célébration incantatoire et songe poétique.

Au fil de son projet « The Source », Arnault Cuisinier, propose des poésies de l’Indien Rabindranath Tagore (prix Nobel de littérature 1913) et des poèmes d’Amérindiens, sur des arrangements originaux.

Sur scène, le contrebassiste (et pianiste) est entouré de la chanteuse et flutiste Élise Caron, du guitariste Paul Jarret et du batteur Edward Perraud. Le concert débute avec Ne pleurez pas devant ma tombe, texte écrit par Mary Elizabeth Frye en 1932, une magnifique célébration de la mort.

Dans une esthétique mi-contemplative/mi-narrative, le rythme insuffle parfois une dynamique de transe à la musique qui se déroule telle une célébration incantatoire. Musicalité, délicatesse et douceur alternent avec grincements, frénésie et fureur.

De sa voix claire, Élise Caron alterne textes en anglais ou en français et embouche la flûte sur un morceau. Telle une incantation, son chant s’enflamme. Les poèmes prennent vie et s’envolent comme propulsés par les sonorités déchirées et aventureuses de la guitare de Paul Jarret. Imaginatif et inventif, Edward Perraud enchaîne les rythmes de mille manières et ponctue ses chorus de féroces pulsations et de tendres effleurements de cymbales. Entre contrebasse et piano, Arnault Cuisinier joint aussi sa voix à celle d’Élise Caron.

« The Source », un concert poétique… une épopée lyrique… une rêverie passionnée… du jazz envoûtant !

« Mères Océans » de Christophe Panzani

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